Voilà un roman que j'avais envie de lire depuis longtemps, tant Paikanne m'en avait dit du bien. Puis il y a peu, le billet enchanté de stellabloggeuse a rappelé ce livre à mon bon souvenir !
Quelques mots sur l'histoire : Simple (de son vrai nom, Barnabé) est déficient mental (ou i-d-iot selon ses propres mots) : il a 22 ans ans, mais 3 ans d'âge mental. Pour éviter de le laisser "mourir" à Malicroix, institution dans laquelle son père l'a placé, Kléber son frère de 17 ans le prend sous son aile. Tout est compliqué et le devient encore plus lorsque les deux frères trouvent une colocation avec trois autres garçons et une jeune fille...
Il me semble que 2 mots résument parfaitement l'atmosphère de ce livre : un subtil mélange
d’humour et d’émotion.
De l'humour, parce que l'on sourit souvent, que l'on rit ou même que l'on s'esclaffe ! Simple est vraiment un petit bijou de personnage. Dès qu'il ouvre la bouche, on ne peut que fondre. Monsieur Pinpin, son lapin en peluche, n'est pas en reste : on ne peut lui rester insensible.... surtout quand il "pète la gueule" à tout ce qui peut causer du chagrin à Simple !
De l’émotion, parce que le sujet est grave, même s’il est traité de façon plutôt légère. On ne peut qu’être touché du lien qui unit Kléber à son grand-petit frère. Un lien unique, fort, indestructible. A eux deux, ils défient la médiocrité du monde et… ils s'en sortent pas mal !
On passe donc sans cesse du rire aux larmes... mais des larmes d'émotion, qui ne sont jamais des larmes de pitié !
Ce roman est très court, 200 petites pages, et les aventures se succèdent rapidement, au cours des 13 chapitres. Ce qui est étonnant, c’est que rien n’est vraiment développé : ni la psychologie des personnages, ni leurs portraits, ni leurs actions… mais en très peu de mots, on a pourtant l’impression de les connaître et de pénétrer dans leur intimité… En effet, il me semble que, plus que le pouvoir des mots, c’est l’importance des non-dits et de l’implicite qui jouent un rôle primordial dans cette histoire. Ainsi, si on prend, par exemple, le cas de l’Institution dans laquelle Simple a été abandonné par son père, Malicroix : même si l’on n’en sait presque rien, tant Marie-Aude Murail reste évasive, on finit tout de même par trembler juste à son évocation, tout comme Simple et Monsieur Pinpin.
Les dialogues sont nombreux, ce qui contribue également à la grande fluidité de l’histoire et à l’absence de temps-mort. Ceux qui mettent en scène Simple et son lapin en peluche sont tout simplement irrésistibles… entre légèreté, tendresse et gravité. Leur façon de voir le monde, à tous les deux, avec leurs 3 ans d’âge mental, est tout à fait unique... tout à fait déjantée et pourtant, tellement… sensée !
J'ai aussi beaucoup apprécié les personnages qui entourent Simple et Kléber : les colocs, qui finissent par tomber sous le
charme de Simple et font preuve de qualités humaines insoupçonnées au début du roman, Monsieur Dieu qui, sous ses airs aigris, est un être précieux, ou encore la famille de Zahra, extraordinaire
de tolérance et d'amour.
Mais ce qui fut surtout jubilatoire pour moi, ce fut de découvrir la façon d’appréhender et d’utiliser la langue française de Simple : sans le vouloir, il fait des jeux de mots savoureux, drôles et tout à fait irrésistibles (« Il y avait six garettes sur la table, toutes crabouillées », « Prends tes dicaments », « Il y a un beaud'hommes caché dans le téphélone », quelques exemples parmi tant d’autres).
Grâce à toutes ces qualités, c’est un livre qui se lit à toute vitesse. A la façon de Simple, on a à peine le temps de compter « 7, 9, 12, B, mille, cent » qu’on en est déjà à la dernière ligne !
Un petit bémol tout de même : c’est peut-être un petit peu trop « Au pays des Bisounours »… oui, on se rend bien compte des difficultés quotidiennes de la cohabitation avec un déficient mental, mais j’ai comme l’impression que c’est malheureusement beaucoup plus compliqué et douloureux que ce qui nous est décrit. Et en cela, ce roman manque donc un peu de crédibilité (Qui donc confierait un déficient mental à un ado de 17 ans en Terminale et vivant seul ?). Par conséquent, je pense que pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut plutôt le lire comme un conte : la Princesse pourrait être Simple, le Prince serait Kléber, la marâtre serait Monsieur Maluri et la vilaine sorcière serait Malicroix !
Voilà, j’ai tout dit, sans en dire trop sur tous les personnages attachants (ou pas du tout) que vous rencontrerez dans le monde de Simple, et je vous conseille vraiment de découvrir ce roman, qui vous touchera sans aucun doute.
Ma note :
moi 14/12/2019 17:00
Frankie 14/02/2013 18:51
Philippe D 04/01/2013 13:46
paradiseandco 17/01/2012 19:09
Nelfe 04/01/2012 21:27
Cajou 14/01/2012 19:44
Philippe D 24/08/2011 08:17
Cajou 24/08/2011 22:13
Kincaid 22/08/2011 15:22
Cajou 24/08/2011 22:04
Stellabloggeuse 21/08/2011 20:05
Cajou 24/08/2011 21:58
paikanne 20/08/2011 18:31
noursette/revelation 19/08/2011 20:27
Cajou 24/08/2011 21:39
Jacqueline 19/08/2011 18:40
Cajou 24/08/2011 21:39
Noukette 19/08/2011 16:17
Cajou 19/08/2011 16:19